Après avoir vu ce qu’il y a de plus grand dans la vocation de Joseph, il faut maintenant regarder et contempler tous les autres aspects de sa vie, puisqu’il est à la fois prince « de la maison de David » (Mt 1,20), époux de la Vierge Marie, chef de la Sainte Famille et éducateur de Jésus et image du Patriarche Joseph, en étant aussi le patron de la bonne mort, le patron de l’Église universelle et un modèle parfait de vie dont nous pourrons d’autant plus nous inspirer et le prier que nous aurons pu le comprendre et l’admirer...
Qui mieux que lui a connu l’Immaculée son Épouse, et Jésus l’Enfant divin qui lui fut confié ? Déjà « juste » au moment de l’Annonciation, Joseph a lui aussi « grandi » pendant trente ans au contact de la sainteté unique de Jésus et de Marie.
« Joseph de Nazareth a participé au mystère de l’Incarnation plus qu’aucune autre personne, en dehors de Marie, la Mère du Verbe incarné », enseignait Jean-Paul II à la suite de Léon XIII lequel écrivait : « Certes, la dignité de la Mère de Dieu est si haute qu’il ne peut être créé rien au-dessus. Mais, comme Joseph a été uni à la bienheureuse Vierge par le lien conjugal, il n’est pas douteux qu’il ait approché plus que personne de cette dignité suréminente par laquelle la Mère de Dieu surpasse de si haut toutes les créatures. Le mariage est en effet la société et l’union la plus intime de toutes, qui entraîne de sa nature la communauté des biens entre l’un et l’autre des conjoints. Aussi, en donnant Joseph pour époux à la Vierge, Dieu lui donna non seulement un compagnon de vie, un témoin de sa virginité, un gardien de son honneur, mais encore, en vertu même du pacte conjugal, un participant de sa sublime dignité. »
Encore une fois, un des arguments les plus forts est que la parole de Marie portant Jésus en son sein a suffi pour sanctifier Jean-Baptiste en un instant. Combien donc davantage pour Joseph, qui a passé trente ans avec eux !
Le cœur de Marie est étroitement uni à celui de son Fils; mais il l’est également à celui de son époux Joseph; d’ou` il suit que le cœur très chaste de Joseph bat à l’unisson des cœurs de Marie et de Jésus, comme l’avait déjà affirmé saint Jean Eudes, dès le XVIIe siècle.
Par exemple saint Alphonse de Liguori (1696-1787) : « L’exemple seul de Jésus-Christ qui, sur la Terre, voulut faire preuve de tant de respect et d’obéissance envers saint Joseph, devrait nous animer tous à être de fervents zélateurs de la dévotion envers ce grand saint (...) Pendant tout ce temps, ce fut à Joseph de commander, comme étant établi chef de cette petite famille (...) Cette humble obéissance de Jésus-Christ fait connaître que la dignité de Joseph est supérieure à celle de tous les saints, excepté celle de sa Mère. »
Ou saint Pierre-Julien Eymard (1811-1868) : « Saint Joseph, après la Très Sainte Vierge, a été le premier et le plus parfait adorateur de Notre Seigneur. Il adorait avec une vertu de foi plus grande que celle de tous les saints; il adorait avec une humilité plus profonde que celle de tous les élus; il adorait avec une pureté plus pure que celle des anges; il adorait avec un amour qu’aucune autre créature, angélique ou humaine, n’eut et ne put avoir pour Jésus; il adorait avec un dévouement aussi grand que son amour. La vie de saint Joseph fut une vie d’adoration de Jésus, mais d’adoration parfaite. Je m’unirai donc bien à ce saint adorateur, afin qu’il m’apprenne à adorer Notre Seigneur et à me faire entrer en société avec lui, afin que je sois le Joseph de l’Eucharistie comme il a été le Joseph de Nazareth. »
Ou Dom Prosper Guéranger (1805-1875) : « Non jamais aucun homme, en ce monde, ne pourra pénétrer toutes les grandeurs de Joseph. Quel souverain et tendre respect pour Marie votre épouse ! Quelle reconnaissance et quelles adorations pour Jésus, votre enfant soumis ! Ô mystère de Nazareth ! Dieu habite parmi les hommes, et il souffre (au sens de permettre) d’être appelé le fils de Joseph ! »
Ou Dom Bernard Maréchaux (1849-1927) : « Sans aucun doute l’âme de saint Joseph fut créée par le Saint-Esprit plus large et plus profonde encore que l’âme de Salomon, parce qu’il voulait y faire rayonner Marie, la créature idéale et le Verbe de Dieu Incarné. »
Ou encore le père Denis Buzy (1883-1965) : « S’il s’agit de la dignité des fonctions, pourrions-nous hésiter à mettre Joseph au-dessus de tous les autres saints ? Car Joseph n’a pas eu à collaborer à l’œuvre du Christ de son vivant ou après sa mort : il a été chargé de veiller sur la personne même du Rédempteur. Après la dignité de Mère de Dieu, il n’y a jamais eu sur la Terre dignité plus haute. »
Car la grâce est proportionnée à la vocation : « Cette exigence intrinsèque s’impose surtout dans une vocation et un ministère tels que ceux de saint Joseph. Le ministère étant suprême, la grâce dut l’être aussi... Et s’il fut saint dès l’origine, que ne durent pas être par la suite ses progrès dans la sainteté, au contact de Jésus ? »
À l’aube de ce troisième millénaire, l’Église invite à bâtir une authentique civilisation de l’amour, fondée sur les valeurs évangéliques. « La sainteté est l’un des points essentiels – et même le premier – du programme que j’ai défini pour le début du troisième millénaire », disait Jean-Paul II.