Le bon grain et l’ivraie grandissent ensemble dans le monde depuis toujours.
Mais aujourd'hui cette réalité apparaît encore plus marquée. Il semble y avoir à la fois, par certains côtés, une croissance du bien, mais il y a aussi une croissance du mal et des erreurs, qui parait exponentielle et sans limites…
« Deux amours ont créé deux cités », enseignait saint Augustin
« Il y a deux mondes », précisait-il. « L’un créé par le Verbe dans lequel il apparut revêtu de notre mortalité, l’autre régi par le prince des ténèbres, et de qui Jésus n’a pas été connu. »
C’est en ce sens que saint Jacques dit ceci : « Ne savez-vous pas que l’amour pour le monde rend ennemi de Dieu ? Donc celui qui veut être ami du monde se pose en ennemi de Dieu » (Jc 4,4). De même saint Jean : « N’aimez pas le monde, ni ce qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui. Tout ce qu’il y a dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, l’arrogance de la richesse, tout cela ne vient pas du Père, mais du monde. Or, le monde passe, et sa convoitise avec lui. Mais qui fait la volonté de Dieu demeure pour toujours » (1 Jn 2,15).
À ces « deux cités », correspondent en profondeur des principes antagonistes :
« Malheur au monde à cause des scandales ! » disait Jésus (Mt 18,07)
Il expliquait : « Le monde a de la haine contre moi parce que je témoigne que ses oeuvres sont mauvaises » (Jn 7,7). Le monde ignore le modèle évangélique de pauvreté, chasteté et obéissance en poussant, à l’inverse, à l’accumulation des richesses, des plaisirs et des transgressions
Réussir selon le monde, c’est accumuler les biens, les amusements, la domination, le pouvoir, mais où tout cela conduit-il ? « Quel avantage un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s’il se perd ou se ruine lui-même ? » (Lc 9,25). C’est en ce sens que le christianisme invite à vivre non comme un « insensé », mais comme un « sage » (Mt 7,26) en enseignant « le mépris du monde ».
Dans le même temps, cependant, l’Évangile invite évidemment à aimer tous les hommes, et spécialement les pécheurs, les éloignés, les égarés, à être « lumière du monde » (Mt 5,14), à aller « dans le monde entier » (Mc 16,15), parce que le monde est « un champ » (Mt 13,38) dans lequel il faut semer le royaume, à temps et à contre-temps, pour contribuer à sauver les âmes. Ainsi, les chrétiens ont toujours été « dans le monde » sans être « du monde » (cf. Jn 17,4), C'est ce que le Christ dit à ses disciples : « Vous n’êtes pas de ce monde » (Jn 15,19).