Au début de son Pontificat, le 10 décembre 1847, Pie IX établit la fête et l’office du Patronage de saint Joseph, qu’il fixe au IIIe dimanche après Pâques. Au cours d’une allocution en 1854, il parle de saint Joseph comme de la plus sûre espérance de l’Église après la Sainte Vierge.
Enfin, le 8 décembre 1870, Pie IX déclare officiellement et « pour perpétuelle mémoire » saint Joseph « Patron de l’Église universelle », par le Décret « Quemadmodum Deus » :
« De même que Dieu établit le Patriarche Joseph, fils de Jacob, gouverneur de toute l’Égypte, pour assurer au peuple le froment nécessaire à la vie, ainsi, lorsque furent accomplis les temps où l’Éternel allait envoyer sur la terre son Fils unique, pour racheter le monde, il choisit un autre Joseph dont le premier était la figure ; il l’établit seigneur et prince de sa maison et de ses biens ; il commit à sa garde ses plus riches trésors. En effet, Joseph épousa l’Immaculée Vierge Marie, de laquelle, par la vertu du Saint-Esprit, est né Jésus-Christ, qui voulut aux yeux de tous passer pour le fils de Joseph et daigna lui être soumis. Celui que tant de prophètes et de rois avaient souhaité de voir, non seulement Joseph le vit, mais il conversa avec lui, il le pressa dans les bras d’une paternelle tendresse, il le couvrit de baisers ; avec un soin jaloux et une sollicitude sans égale, il nourrit Celui que les fidèles devaient manger comme le pain de l’éternelle vie. En raison de cette dignité sublime, à laquelle Dieu éleva son très fidèle serviteur, toujours l’Église a exalté et honoré saint Joseph d’un culte exceptionnel, quoique inférieur à celui qu’elle rend à la Mère de Dieu ; toujours, dans les heures critiques, elle a imploré son assistance. Or, dans les temps si tristes que nous traversons, quand l’Église elle-même, poursuivie de tous côtés par ses ennemis, est accablée de si grandes calamités que les impies se persuadent déjà qu’il est enfin venu le temps où les portes de l’enfer prévaudront contre elle, les vénérables Pasteurs de l’Univers catholique, en leur nom et au nom des fidèles confiés à leur sollicitude, ont humblement prié le Souverain Pontife qu’il daignât déclarer saint Joseph Patron de l’Église universelle. Ces prières ayant été renouvelées plus vives et plus instantes durant le saint Concile du Vatican, Notre Saint-Père Pie IX, profondément ému par l’état si lamentable des choses présentes et voulant se mettre, lui et tous les fidèles, sous le très puissant patronage du saint patriarche Joseph, a daigné se rendre aux voeux de tant de vénérables Pontifes. C’est pourquoi il déclare solennellement saint Joseph Patron de l’Église catholique. Sa Sainteté ordonne en même temps que la fête du saint, fixée au 19 mars, soit désormais célébrée sous le rite double de première classe, sans octave toutefois, à cause du saint Carême. Elle a voulu en outre que la présente déclaration fût faite par décret de la Sacrée Congrégation des Rites, en ce jour consacré à la Vierge Immaculée, Mère de Dieu, épouse du très chaste Joseph, et que ce décret ait force de loi, nonobstant toute opposition ou disposition contraire. »
Comme « les dons de Dieu et son appel sont irrévocables » (Rm 11,29), saint Joseph continue d'exercer au Ciel ses ministères en faveur des membres du Corps du Christ, comme il le fit sur la terre, explique Léon XIII : « Le patronage de saint Joseph sur l’Église n’est qu’un prolongement de son rôle auprès de la Sainte Famille, qui était l’Église naissante », avant d'ajouter : « Les raisons et les motifs spéciaux pour lesquels saint Joseph est nommément le Patron de l’Église et qui font que l’Église espère beaucoup, en retour de sa protection et de son patronage, sont que Joseph fut l’époux de Marie et qu’il fut réputé le père de Jésus-Christ. Joseph était le gardien, l’administrateur et le défenseur légitime et naturel de la maison divine dont il était le chef. Il est donc naturel et très digne du bienheureux Joseph que, de même qu’il subvenait autrefois à tous les besoins de la famille de Nazareth et l’entourait saintement de sa protection, il couvre maintenant de son céleste patronage et défende l’Église de Jésus-Christ. »
À la même époque, le Bienheureux Pie IX institua la fête du « Patronage de saint Joseph », fixée au mercredi de la troisième semaine de Pâques, que Pie XII remplacera en 1955 par la fête de première classe de « saint Joseph Artisan », décalée au 1er mai. Et en 1871, saint Joseph se voit reconnaître le droit à un culte plus grand que tous les autres saints, hormis Marie, par ce même souverain pontife.
En 1885, Léon XIII publie à son tour des prières à saint Joseph. Quatre ans plus tard, sa lettre encyclique Quamquam pluries, sous-titrée « Du patronage de saint Joseph et de la Très Sainte Vierge qu'il convient d'invoquer à cause de la difficulté des temps », voit en lui le modèle absolu des pères de famille et des travailleurs.
Léon XIII lui décerne de surcroît le titre de « saint patron des pères ». Le 14 juin 1892, le Bref pontifical Neminem fugit de Léon XIII, promulgué pour unifier les confréries du monde entier instituées sous ce vocable, présente la Sainte Famille comme le modèle parfait de la famille humaine. L'année suivante, ce Pape fixe la fête de la Sainte Famille le 3e dimanche après l'Épiphanie en la dotant d'une messe avec un nouvel office.
Le 25 juillet 1920, dans le cadre des solennités du cinquantenaire de la proclamation de saint Joseph comme patron de l'Église, le motu proprio Bonum Sane de Benoît XV revient sur la place prépondérante de saint Joseph et, fait remarquable, met en évidence le lien essentiel entre la dévotion mariale et celle de saint Joseph : « À mesure que se développera parmi les fidèles le culte de saint Joseph, on peut s'attendre à voir augmenter en même temps leur dévotion envers la Sainte Famille de Nazareth, dont il fut l'auguste chef : chacune, en effet, de ces deux dévotions sort tout naturellement de l'autre, comme sa fleur. Joseph nous amène directement à Marie, et Marie à la source de toute sainteté, Jésus... » Il invite tous les chrétiens, spécialement les travailleurs et les agonisants, à prendre saint Joseph comme modèle et patron, puisque « la dévotion à saint Joseph conduit normalement à Marie et à Jésus ».
L'année suivante, en 1921, Pie XI rend obligatoire la fête de la Sainte Famille instituée en 1892.
Le 11 mars 1945, Pie XII réaffirme saint Joseph comme le « modèle » des ouvriers et des travailleurs.
En 1954, l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal est proclamé basilique mineure. Plus de trois millions de personnes s’y rendent chaque année.
En 1955, Pie XII institue, comme déjà vu, la fête de saint Joseph « artisan », fixée chaque 1er mai. Ce thème est repris par Jean XXIII dans son message radiophonique du 1er mai 1960.