Un membre éminent de l’École française, saint Jean Eudes (1600-1680), a médité sur les Cœurs de Jésus, Marie et Joseph, avec des conclusions et une postérité étonnantes : « Après Dieu, saint Joseph est le premier objet de l’amour de sa Très Sainte Épouse et il a la première place dans son cœur; car Marie étant tout à saint Joseph, comme l’épouse est à son époux, le cœur de Marie était à Joseph. Non seulement il était à lui, mais s’il est dit des premiers chrétiens qu'ils n’avaient qu’un cœur et qu’une âme, combien davantage peut-on dire de la bienheureuse Vierge et de son saint époux qu’ils n’avaient qu’une âme et qu’un cœur par un lien sacré d’amour et de charité. Il est donc constant que Joseph n’a qu’un cœur avec Marie, en suite de quoi nous pouvons dire que Marie n’ayant qu’un cœur avec Jésus, Joseph, par conséquent n’a qu’un cœur avec Jésus et Marie. De sorte que, comme dans la Trinité adorable du Père, du Fils et du Saint Esprit, il y a trois personnes qui n’ont qu’un cœur, ainsi dans la Trinité de Jésus, Marie, Joseph, il y a trois cœurs qui ne sont qu’un cœur. »
À partir de là, les trois Cœurs unis sur la terre seront alors naturellement mis en lien avec le mystère du Dieu trinitaire, et beaucoup reprendront cette idée...
Déjà, dans le passé, Jean Gerson (1363-1429) avait évoqué : « Cette admirable Trinité de Jésus, Marie et Joseph. » Marie ne pouvait pas rester seule avec Dieu le Verbe Incarné ; il fallait Joseph pour que leur relation soit à l’image de la nature de Dieu et de la relation amoureuse qu’il entretient avec l’humanité.
Saint François de Sales (1567-1622) confirme cette idée : « Mais quelle dignité, mon Dieu ! Être gouverneur de Notre Seigneur, et non seulement cela, mais être encore son père putatif, mais être époux de sa Très Sainte Mère !... Il n’y a point de doute, mes chères sœurs, que saint Joseph ne fût plus vaillant que David, et n’eût plus de sagesse que Salomon... Et quelle sagesse n’avait-il pas, puisque Dieu lui donnait en charge son Fils très glorieux et qu’il était choisi pour être son gouverneur ?... Il n’y a nul doute que saint Joseph n’ait été doué de toutes les grâces et de tous les dons que méritait la charge que le Père Éternel lui voulait donner, de l’économie temporelle et domestique de Notre Seigneur et de la conduite de sa famille, qui n’était composée que de trois, qui nous représentent le mystère de la très Sainte et très adorable Trinité. Marie, Jésus et Joseph; Joseph, Jésus et Marie : Trinité merveilleusement recommandable et digne d’être honorée... »