Jean-Jacques Olier, très fin spirituel, développe d’abord une intuition capitale, celle du lien entre saint Joseph et le Père éternel : « L’admirable saint Joseph fut donné à la terre pour exprimer sensiblement les perfections adorables de Dieu le Père. » Joseph reflète ainsi les attributs du Père : « Dans sa seule personne, il portait ses beautés, sa pureté, son amour, sa sagesse et sa prudence, sa miséricorde et sa compassion. » Plus que cela : il serait le seul parmi tous les saints à « représenter » le Père, alors que tous les autres représentent Jésus (!) : « Un seul saint est destiné à représenter Dieu le Père tandis qu’il faut une infinité de créatures, une multitude de saints pour représenter Jésus-Christ; car toute l’Église ne travaille qu’à manifester au-dehors les vertus et les perfections de son chef adorable mais le seul saint Joseph représente le Père éternel. Aussi faut-il considérer l’auguste saint Joseph comme la chose du monde la plus grande, la plus élevée et la plus incompréhensible. Le Père s’étant choisi ce saint pour en faire sur la Terre son image, il lui donne avec une ressemblance de sa nature invisible et cachée et, à mon sens, ce saint est hors d’état d’être compris des esprits des hommes. L’excellence de ce grand homme est incomparable.»
Les idées clés de ce passage capital faisant entrevoir pourquoi le mystère de Joseph semble « hors d’état d’être compris des esprits des hommes » sont reprises dans d’autres textes du même auteur :
Un autre auteur du XVIIe siècle, Guillaume Gibieuf (1585-1650), vicaire général des oratoriens, avait dit peu avant lui : « Il n'est personne qui puisse exprimer, ni d’entendement qui puisse comprendre l’immensité et la plénitude de grâce à laquelle Joseph est parvenu. »
Ce rapprochement entre la paternité de Joseph et la paternité de la première personne de la Sainte Trinité, le chanoine Daniel Joseph Lallement (1894-1977) y discernera « l’aspect le plus profond du mystère de Joseph ». « La paternité de saint Joseph est divine par son terme parce que s’exerçant à l’égard d’une Personne divine, le Fils. Cela donne à Joseph une étonnante ressemblance avec la première Personne de la Sainte Trinité, ressemblance qui paraît bien être l’aspect le plus profond du mystère de Joseph. »