En méditant sur le mystère de la vie cachée, nous devons comprendre que, si Jésus a passé trente longues années à Nazareth, ce n’était pas seulement pour préparer sa vie publique, mais surtout pour nous indiquer la route à suivre. Jésus est en effet pour nous « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6) dès le premier moment de sa conception, et pas seulement durant les trois années de sa vie missionnaire. En demeurant ainsi sous l’autorité de Joseph et de Marie, notre Seigneur nous invite à faire de même : c’est à Nazareth, à l’école des parents de Jésus, que le germe de vie divine reçu au baptême peut grandir, mûrir, s’épanouir, afin de porter tous les fruits que Dieu est en droit d'attendre. Nous devons tous être très désireux de grandir, comme Jésus et avec lui, « en sagesse, en taille et en grâce, sous le regard de Dieu et des hommes » (Lc 2,52), à l’école de la Sainte Famille.
C’est le sentiment de Benoît XVI : « L’Église ne peut croître et prospérer si elle ignore que ses racines cachées plongent dans l’atmosphère de Nazareth. Car travailler avec Jésus travailleur, s’immerger dans Nazareth, devient le point de départ d’une nouvelle conception de l’Église pauvre et humble, d’une Église famille, d’une Église nazaréenne. Nazareth recèle un message permanent pour l’Église. Ce n’est ni dans le Temple, ni même sur la montagne sainte que commence la Nouvelle Alliance, mais dans la masure de la Vierge, dans la maison de l’ouvrier, en un lieu oublié de la Galilée des païens, dont personne n’attendait quelque chose de bon. C’est toujours en revenant à ce point de départ que l’Église doit se régénérer. »
Parlant de la vie si humble et si cachée de Jésus à Nazareth, en si grand contraste avec la vie du monde, Jean-Jacques Olier (1608-1657) ne craint pas d’écrire : « Jésus ne refuse pas cette ignominie, il veut bien que cette injure soit ajoutée à toutes les autres qu’il a souffertes, pourvu qu’en se cachant avec Joseph et avec l’heureuse Marie, il nous apprenne par ce grand exemple, que s’il se produit quelque jour au monde, ce sera par le désir de nous profiter, et pour obéir à son Père ; qu’en effet toute la grandeur consiste à nous conformer aux ordres de Dieu, de quelque sorte qu’il lui plaise de disposer de nous ; et enfin, que cette obscurité que nous craignons tant, est si illustre et si glorieuse qu’elle peut être choisie même par un Dieu. »
Et sur Nazareth : « C’était un Ciel, un paradis sur la terre ; c’étaient des délices sans fin dans ce lieu de douleurs, l’abondance de tous les biens de la terre au sein de la pauvreté ; c’était une gloire commencée dans la vileté (sic), l’abjection et la petitesse de leur vie. Ô Jésus, je ne m’étonne pas si vous demeurez trente ans dans cette heureuse maison sans quitter saint Joseph... Dans la maison de Joseph qui est aussi celle de Marie, vous trouvez les objets les plus délicieux de votre joie, les saintes sources de votre vie... Qui pourrait dire l’excellence de notre Saint, le grand respect que Notre Seigneur avait pour lui et l’amour fort que la Sainte Vierge lui portait ; Jésus-Christ regardant en lui le Père éternel, et la Très Sainte Vierge considérant en sa personne le même Père éternel comme son époux. »
Nazareth est l’exact opposé du monde mondain : c’est le lieu des vraies valeurs, du silence, du travail, de la famille, comme l’exprimait le pape Paul VI de passage dans la ville de l’Annonciation.
Conclusion : « Allez trouver Joseph, et faites tout ce qu'il vous dira » (Gn 41,55)
Marie a repris pour Jésus les mots de Pharaon au sujet du patriarche Joseph pour nous inviter à suivre son Fils Jésus à Cana : « Faites tout ce qu'il vous dira ! » (Jn 2,2). Elle n’avait de cesse de méditer toutes les paroles de l'Ancien Testament dans son coeur. Lorsqu'elle a constaté que Dieu lui demandait de se marier avec Joseph, Marie a repensé immédiatement aux paroles de l’Ancien Testament qui n'avaient cessé de nourrir toute sa jeunesse, spécifiquement celles consacrées au Patriarche Joseph, vendu par ses frères à une caravane d'Ismaélites se dirigeant vers l'Égypte, revendu à un fonctionnaire égyptien, invité par le Pharaon à interpréter les songes des sept vaches grasses et des sept vaches maigres, gagnant finalement la confiance totale de Pharaon qui l’établit comme son premier ministre, lui donnant « autorité sur tout le pays d'Égypte ». Durant les sept années d'abondance, Joseph « rassembla à l'intérieur des villes la nourriture qui venait de la campagne. Ainsi Joseph entassa une quantité de blé impossible à compter, comme le sable de la mer : oui c'était vraiment sans mesure ! » Or, dans la Bible, au chapitre 41 de la Genèse, versets 53 à 55, nous pouvons lire : « Après les sept années d'abondance du pays d'Égypte, arrivèrent les sept années de famine, comme l'avait annoncé Joseph. C'était la famine dans tous les pays, mais en Égypte, il y avait du pain. Puis l'Égypte à son tour connut la faim et le peuple fit appel à Pharaon pour avoir du pain. Le Pharaon dit à toute l'Égypte : "Allez trouver Joseph, faites ce qu'il vous dira." »
Ce sont précisément ces mots que Marie reprendra à son compte à Cana
D’une certaine façon, Marie est la première à nous inviter à nous tourner vers Joseph, à le prier, à faire tout ce qu’il nous dira, si nous voulons rencontrer son Fils Jésus. Avec Marie, avec notre pape François, allons donc retrouver Joseph, méditons avec lui les événements de la Sainte Famille de Nazareth, implorons sa protection, demandons son aide, laissons-nous guider par lui, prenons le pour modèle d’une vie réussie, riche, pleine et féconde en Dieu : Il intercédera auprès de son Fils Jésus pour nous et nos familles ! Cette demande de Marie est aussi celle de Jésus, comme nous le rappelle la magnifique statue de l’église Saint-Joseph à Nazareth.