Ce qu'écrit Jean Mouroux (pour toutes les familles chrétiennes) a été vécu par saint Joseph à qui l'enfant Jésus et sa mère ont pu s'abandonner en toute confiance.
Pour l'homme qui est le chef, le point difficile est de commander comme quelqu'un qui sert, c'est-à-dire,
Eh bien, que le mari aime sa femme comme le Christ a aimé l'Eglise, d'un amour qui domine les instincts et sache les sacrifier ; d'un amour généreux, et livré jusqu'à la mort ; d'un amour délicat, respectueux et tendre, qui nourrisse et réchauffe (Eph 5, 29).
À un tel amour, on peut se soumettre en toute chose (Eph 5, 24), parce qu'il est volonté de service, de grandeur et de sainteté. Mais une telle sublimité et un tel mystère ne peuvent se comprendre et se vivre que par l'homme qui a noué un lien personnel et héroïque avec le Christ et l'Eglise (Eph 5, 32).
Il nous faut d'ailleurs faire un dernier pas. Car « le chef de l'homme, c'est le Christ, le chef de la femme, c'est l'homme ; le chef du Christ, c'est Dieu. » (1 Co 11, 3).
Il y a, dessiné e cette phrase, un mouvement unique, qui doit tout soulever, des profondeurs charnelles jusqu'à Dieu même. L'homme et la femme doivent s'unir à la fois par leur liberté spirituelle, comme des personnes égales, et par leurs différences fonctionnelles, comme la tête et le corps.
Lorsqu'il s'établit ce rapport organique, le plan de Dieu se réalise, la communauté se noue e achevant les époux, parce que dans l'égalité substantielle d'un même amour, la femme se soumet à l'homme comme à son chef et l'homme se donne à la femme comme à son propre corps. Mais cette unité est immédiatement assumée dans une autre : car elle ne peut se réaliser et se développer qu'à condition d'être fondée sur le Christ, animée par lui, et dirigée vers lui.
Jean Mouroux(1901-1973)
Prêtre (diocèse de Dijon, France) Théologien et expert au concile Vatican II. Extraits de : Jean Mouroux, Sens chrétien de l'homme, Aubier, Paris 1945, p.200-201