Les évangélistes appellent Joseph simplement "père".
Une paternité en termes de bienveillance et de charité : accueillir et élever l'enfant
Saint Thomas enseigne que la paternité humaine, ayant comme terme la perfection de l'homme, se compose de trois éléments : la génération, l'accueil et l'éducation... Les enfants ne sont pas appelés le bien du mariage seulement quand ils y sont engendrés, mais aussi quand ils y sont accueillis et élevés.[1]
Saint Augustin réfléchissait déjà aux exigences d'une paternité vraiment à « mesure d'homme », en proposant l'accueil et l'éducation avec les termes équivalents de bienveillance et de charité. Étant donné, en effet, que les généalogies de Matthieu et de Luc passent toutes les deux par Joseph, il se demande:
« Pourquoi ? Pourquoi père ? Pourquoi père ? Parce qu'il est d'autant plus vrai père, qu'il est plus chaste. Le Seigneur ne vient donc pas de la semence de Joseph, même s'il certains le pensaient ; mais, grâce à la bienveillance et à la charité de Joseph il est né de la Vierge Marie un fils, qui est le Fils de Dieu »[2].
L'Esprit Saint qui agit en Marie, agit aussi pour que Joseph soit père :
À ceux qui voudraient séparer Joseph de Marie, saint Augustin fait répond en faisant intervenir Joseph :
« Pourquoi me séparez-vous ? N'est-ce pas à travers moi que les générations montent et descendent ? Si on lui disait : "Parce que tu n'as pas engendré dans ta chair", il répondrait: "Peut-être a-t-elle donné la vie par sa chair ?"
Ce que l'Esprit Saint a opéré, il l'a opéré pour tous les deux. Ceci étant, il dit homme juste. Juste donc le mari, juste la femme.
En accomplissant la justice pour les deux, l'Esprit Saint donna un fils à tous les deux. Mais en agissant dans le sexe qui devait accoucher, il agit de manière qu'il naquît aussi pour le mari.
Et ainsi l'ange dit aux deux d'imposer le nom à l'enfant, en déclarant l'autorité des parents" »[3].
L'Esprit Saint qui a honoré Joseph du nom de père ne pouvait certainement pas ne pas l'orner d'une façon éminente de ces qualités, l'amour et le don, nécessaires à constituer sa paternité singulière et élevée ; d'autre part, l'amour et le don ont dû briller en saint Joseph de manière à révéler leur source divine, l'Esprit Saint justement.
Ces considérations n'épuisent pas le thème de la paternité de saint Joseph, mais sont une indication suffisante pour faire comprendre comme l'intervention de l'Esprit Saint dans la conception de Jésus n'a pas exclu la part de Joseph, n'a pas vidé sa paternité.
Notes:
[1] IV Sent., d. 30, q. 2, a. 2 ad 4.
[2] Sermo 51, 20,30: PL 38,351
[3] Sermo 51, 20,30: PL 38, 350
[4] ORIGENE, In Lucam, hom XVII : PG 13,1843.
Extraits de T.STRAMARE, OJ, San Giuseppe nel mistero di Dio, Piemme 1992, p. 182-189