Il était « serviteur de Dieu » avant même de rencontrer la « servante du Seigneur » (Lc 1,38).
Avant même de connaître Marie, Joseph était déjà un homme « juste », « un véritable Israélite » (cf. Jn 1,47), un être ajusté à Dieu, qui, dans sa vie, avait mis le Créateur à la première place. Joseph était tourné vers Dieu, il lui faisait entièrement confiance et c’est pourquoi il a été comblé.
Bien plus que Moïse ou Élie, saint Joseph a vécu en présence de Dieu. On peut même affirmer qu’aucun homme n’a été si profondément en contact avec le Dieu fait Homme et avec Celle dont il a pris chair, lui qui était « quotidiennement en contact avec le mystère caché depuis des siècles ».
Dans l’Ancien Testament, Dieu avait fixé le lieu de sa présence au milieu de son peuple dans l’Arche de l’Alliance, figure de la Vierge Marie, que protègent deux Chérubins, qui peuvent être considérés d’une certaine manière, comme l’image de saint Joseph et de saint Jean, les deux grands saints qui ont été appelés à veiller attentivement sur la première et sur la dernière partie de la vie de la Vierge sainte choisie par l’éternel.
Dans l’ordre de la hiérarchie céleste viennent les Anges, les Archanges, les Principautés, les Puissances, Vertus et Dominations, puis les Trônes, Chérubins et Séraphins. Si les Anges et Archanges sont engagés dans l’action au service de Dieu, comme le sont les missionnaires et les apôtres dans l’église, les Chérubins appartiennent à la première hiérarchie des neuf Chœurs des Anges. Entièrement tournés vers Dieu, ils lui sont si unis et sont tellement plongés dans la contemplation de son mystère qu’ils en restent presque silencieux, comme les religieux et les contemplatifs.
Le silence de saint Joseph et les attitudes de saint Jean disent quelque chose de ce primat de la contemplation et de l’union à Dieu, qui doit être regardé comme fondamental, quel que soit l’appel choisi dans la vocation chrétienne. Dieu nous préfère à nos œuvres, quelles qu’elles soient, comme Marie qui a choisi « la meilleure part » (Lc 10,42) et comme saint Joseph. Ainsi, « que celui qui n’a pas de maître dans l’oraison prenne ce glorieux saint pour guide, il ne risquera pas de s’égarer », nous dit sainte Thérèse d’Avila.
Il est cependant possible de regarder ce mystère de l’Arche d’Alliance d’une autre manière, comme le fait Louis-François d’Argentan (1615-1680), religieux capucin : « Pour moi, quand je regarde un Dieu entre deux personnes humaines, Jésus entre Marie et Joseph, j’adore ce profond mystère et je pense voir les deux Chérubins qui étaient sur l’Arche d’Alliance, étendant leurs ailes pour couvrir, chacun de son côté, le propitiatoire qui était la partie supérieure de l’Arche où Dieu se plaisait à rendre ses oracles (...) Je ne pense pas me tromper quand je dis que le vrai propitiatoire, dont l’ancien n’était que la figure, c’est Jésus-Christ (...) Marie et Joseph, liés ensemble par le lien d’un sacré mariage sont les deux Chérubins qui couvrent le propitiatoire avec leurs ailes. L’un et l’autre tendaient les bras, et se donnaient les mains pour la protection, le soutien, la garde et le service de l’Enfant-Jésus. L’un et l’autre n’avaient des yeux que pour lui, et des cœurs que pour l’aimer uniquement; et, sans se regarder directement l’un l’autre, ils se voyaient toujours en lui comme dans le miroir de la divinité dans lequel tous les bienheureux se connaissent et s’aiment très parfaitement. »