Durant les longues années à Nazareth, sur l'établi de Joseph le charpentier, Jésus révèle « l'Évangile du travail », un Évangile très actuel et dont chacun peut faire l'application :
L’âge antique a introduit parmi les hommes une différenciation typique par groupes selon le genre de travail qu’ils faisaient.
Le travail qui exigeait du travailleur l’emploi des forces physiques, le travail des muscles et des mains, était considéré comme indigne des hommes libres, et on y destinait donc les esclaves.
Le christianisme, élargissant certains aspects déjà propres à l’Ancien Testament, a accompli ici une transformation fondamentale des concepts, en partant de l’ensemble du message évangélique et surtout du fait que Celui qui, étant Dieu, est devenu en tout semblable à nous (He 2,17; Ph 2,5-8), a consacré la plus grande partie de sa vie sur terre au travail manuel, à son établi de charpentier.
Cette circonstance constitue par elle-même le plus éloquent « Évangile du travail ».
Il en résulte que le fondement permettant de déterminer la valeur du travail humain n’est pas avant tout le genre de travail que l’on accomplit mais le fait que celui qui l’exécute est une personne.
Les sources de la dignité du travail doivent être cherchées surtout, non pas dans sa dimension objective mais dans sa dimension subjective.
Avec une telle conception disparaît pratiquement le fondement même de l’ancienne distinction des hommes en groupes déterminés par le genre de travail qu’ils exécutent. Cela ne veut pas dire que le travail humain ne puisse et ne doive en aucune façon être valorisé et qualifié d’un point de vue objectif.
Ici vient tout de suite une conclusion très importante de nature éthique : bien qu’il soit vrai que l’homme est destiné et est appelé au travail, le travail est avant tout « pour l’homme » et non l’homme « pour le travail ».
D'après Jean-Paul II, Lettre encyclique Laborem Exercens § 6