Joseph est d’abord chargé de cacher, garder et protéger le secret de Dieu de tout mal et de toute curiosité. C’est ainsi que Bossuet expose la mission particulière de Joseph : « Entre toutes les vocations, j'en remarque deux dans les écritures, qui semblent directement opposées : la première, celle des Apôtres; la seconde, celle de Joseph. Jésus est révélé aux Apôtres, Jésus est révélé à Joseph, mais avec des conditions bien contraires. Il est révélé aux Apôtres pour l'annoncer par tout l'Univers; il est révélé à Joseph pour le taire et pour le cacher. Les Apôtres sont des lumières pour faire voir Jésus-Christ au monde ; Joseph est un voile pour le couvrir, et sous ce voile mystérieux on nous cache la virginité de Marie et la grandeur du Sauveur des âmes. »
Saint Bernard dit de même : « Il était nécessaire que Marie fu^t fiancée à Joseph, puisque c’était le moyen de soustraire aux chiens un saint mystère, de faire constater par son propre époux la virginité de Marie, et de ménager en même temps la pudeur et la réputation de la Vierge. Par ce moyen, les secrets desseins de Dieu ont un témoin, se trouvent soustraits à la reconnaissance de l’ennemi, et l’honneur de la Vierge Mère est conservé sans tache. » Or, les « chiens » ne sont autres que les démons et « l’ennemi » identifie Satan, qu’il convenait de garder éloigné du mystère. Connaissant la prophétie d’Isaïe : « Voici que la jeune fille concevra, et elle enfantera un fils » (Isaïe 7,14), il aurait soupçonné la Vierge Marie, enceinte sans être mariée, d’être celle que désignait le prophète.
Ainsi, sans le saint mariage de Marie et de Joseph, « les démons n’auraient point ignoré ce qu’ils auraient eu un moyen de connaître. Or il fallait que le Prince de ce monde ne fu^t point instruit, pendant quelque temps du moins, du secret des desseins de Dieu. Ce n’est pas que Dieu ait appréhendé, s’il agissait ouvertement, d’être entravé dans son entreprise par le démon, mais c’est que, faisant tout ce qu’il veut, non seulement avec puissance, mais encore avec sagesse, il voulut, dans l’œuvre merveilleuse de notre rédemption, faire éclater sa prudence non moins que sa puissance, de même que, en toutes ses œuvres, il se plaît à observer certaines convenances des choses et de temps dans l’intérêt de la beauté de l’ordre même. »
Le père André Doze (1926-2010), ancien chapelain de Lourdes, explique à partir de sainte Thérèse d’Avila que Joseph avait la mission de fermer la porte au mal et Marie celle d’ouvrir la porte au Ciel. Ainsi, s’attacher à Marie et Joseph, leur prendre la main et se tenir entre eux permet de « grandir en force et en sagesse » en toute su^reté, comme Jésus à Nazareth.
Mais la figure de Joseph est aussi insupportable aux démons par toutes les vertus qu’il a poussées à leur paroxysme : humilité, obéissance, force, fidélité, douceur, discrétion, vie cachée. Joseph est par nature la « terreur des démons », comme l’expriment très justement ses litanies.