"Notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ" (1 Jn 1,15)...
Saint François de Sales décrit bien les effets de cette présence : "Sa présence aimable attire toutes les facultés de l’âme autour de Jésus ; elles s’arrêtent en lui comme en l’objet vraiment désirable. Et, comme quelqu’un qui a mis un aimant au milieu de beaucoup d’aiguilles… ainsi, quand notre Seigneur fait sentir sa présence délicieuse au milieu de l’âme, toutes les facultés s’orientent de ce côté…; l’amour, en reconnaissant la présence du Bien-aimé… se recueille et entraîne toute l’âme vers lui avec une tendre inclinaison, avec un doux enveloppement"[1].
Le même saint Docteur fait cependant remarquer que cette "expérience" dépend essentiellement de l’initiative divine : "Il n’est pas en notre pouvoir de l’avoir quand on le veut, cela ne dépend pas de notre diligence, mais Dieu l’opère en nous quand cela lui plaît, par sa grâce très "[2].
En saint Joseph l'expérience intérieure de la présence de Jésus était constante
Nous devons observer qu’en saint Joseph cette expérience amoureuse de la présence de Jésus n’était pas irrégulière, mais elle était jointe indissolublement au don de la paternité que Dieu avait communiqué à Joseph en lui assignant la mission de père :
"En même temps que la puissance paternelle sur Jésus, Dieu a aussi accordé à Joseph l’amour correspondant, cet amour qui a sa source dans le Père, "de qui toute paternité, au ciel et sur la terre, tire son nom" (Ep 3, 15)" (Jean Paul II, Redemptoris custos, n. 8).
Jean de Carthage (†1617) s’arrête sur l’harmonie intime entre l’action et la contemplation, unifiées en saint Joseph par son amour pour Jésus : "J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire" (Mt 25, 35s)... Joseph ayant dépensé pendant trente ans toutes ses activités extérieures et ses travaux artisanaux pour nourrir et entretenir l’enfance et la jeunesse de Christ Seigneur, sa vie active ne peut qu’être la plus parfaite de toutes, hormis celle de la Vierge…
Il fut aussi celui qui veilla le plus concrètement sur les besoins humains du Fils de Dieu
A personne, sauf à la Mère de Dieu, Jésus ne pourra dire aussi bien qu’à Joseph : "J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire" (Mt 25, 35s.). Les oeuvres de sa vie active ne pouvaient pas ne pas être agréables au Christ Seigneur : notre Joseph les exerça directement envers son humanité…" [3]
De ses oeuvres extérieures il est facile de faire le pas vers les oeuvres intérieures de sa vie contemplative : aucun parmi les mortels, hormis la Bienheureuse Vierge, n’en a eu une meilleure occasion. Si, en effet, Salomon dit: "Est-il possible de porter le feu dans sa propre poitrine, sans se brûler les vêtements ?" (Prov 6, 27), Joseph portait sur sa poitrine le feu, c’est-à-dire le Christ, il l’a un nombre infini de fois touché avec les mains, dévêtu, vêtu, embrassé, et certainement il s’en suivait que brûlaient de manière véhémente les flammes de son amour"[4].
Le plus grand des contemplatifs
En comparaison des autres saints contemplatifs, "saint Joseph les dépassa tous dans l’excellence de la vie contemplative parce qu’il était plus ardemment enflammé par l’exemple visible du Christ et de Marie dans une présence ininterrompue de trente ans, et par leur aide puissante, il était plus fréquemment porté à multiplier des actes fervents d’amour" [5].
[1] Teotimo, VI, 7.
[2] ibidem.
[3] Vives, Summa Iosephina, Romae 1907, nn. 673.675.
[4] Vives, Summa Iosephina, Romae 1907, nn. 673.675.
[5] ibid., n° 677.
Extraits de T. Stramare,
San Giuseppe nel mistero di Dio, Piemme 1992, p. 213-214