Saint Joseph, gardien de la porte de notre coeur profond
Le monde du primat de la grâce (monde surnaturel) est ce monde où Jésus appelle tout baptisé à vivre, lorsqu'il dit "mon Royaume n'est pas de ce monde" et lorsqu'Il prie ainsi Son Père : "Père, je ne te demande pas de les retirer du monde, mais de les préserver du monde (le monde naturel, celui qui est aux mains du prince de ce monde)".
Le monde mystérieux (surnaturel ou encore théologal), confié à Joseph, où Jésus est engendré dans le sein de Marie, où il naît et grandit, où il choisit de redescendre pour son premier choix libre (lorsque ses parents le retrouvent au milieu des Docteurs, auTemple), dans sa treizième année, ne ressemble à aucun autre.
Jamais l’esprit du mal n’y pénètre car Joseph en garde la porte d’entrée ; l’Esprit Saint qui habite Marie y règne par Jésus, pour Jésus, en Jésus.
Saint Joseph, gardien de la vie contemplative des Carmels
Voilà pourquoi le Seigneur tenait tant à ce que la grande Thérèse l’établisse sur la terre : « Il voulait qu’il fut dédié à Joseph : ce saint nous protégerait à une des portes, Notre Dame à l’autre, et lui-même, le Christ, se tiendrait au milieu de nous. Ce monastère serait une étoile qui jetterait un grand éclat » (Vie, ch. 32).
Lorsque Gaston de Renty, un grand seigneur de l’époque de Louis XIII, rencontre le fameux Carmel de Beaune dédié à la Famille, il écrit :
« Il me semble que je suis allé en un autre monde, tel que Notre Seigneur voudrait que celui-ci fût, plein de cordialité, de charité et de toutes les vertus chrétiennes, en innocence, pureté et simplicité ».
Un autre monde…, l’expression même de Notre Dame, en sa première parole, à Lourdes !
Qu’a fait Jésus, quand sa Mère l’a invité à y descendre ? "Il descendit avec eux, se rendit à Nazareth et il leur était soumis." Impossible de développer ces trois points en quelques lignes : disons que le psychisme humain, avec toutes ses richesses, si souvent ambiguës, est une image parlante du temple de Jérusalem, splendide et dangereux.
Suivre l'exemple de Jésus revenu du Temple, auprès de Joseph et Marie
1°) Quitter le temple, c’est prendre de la distance par rapport à toutes les expériences humaines, quelles qu’elles soient et c’est impossible sans eux, Joseph et Marie.
Jésus ne cesse de parler de cette indispensable rupture, quand il nous demande de le suivre. Joseph et Marie donnent à cette opération radicale, qui pourrait paraître inhumaine, une sorte de souplesse, d’ingéniosité, d’élégance surprenante. Joseph sait faire glisser la Famille hors de la portée d’Hérode, et Jésus hors de celle des docteurs : tout est là. Comme Bernadette l’avait compris, l’homme doit échapper à son terrible amour-propre.
2°) Deuxièmement, il doit rentrer à Nazareth, image de cette zone humaine que nous ne connaissons pas, que la Bible et la vraie tradition chrétienne, appellent « le cœur ». Le cœur biblique n’a rien à voir avec le cœur des romans : c’est ce lieu secret et inconnu où Dieu habite, dans l’homme, le seul qui l’intéresse. "Heureux ceux qui croient sans avoir vu" (Jn 20, 29). L’homme apprend l’union à Dieu que pratiquait Jésus sur la terre, avec son Père.
3°) En troisième lieu, Jésus obéissait. Il obéissait très concrètement, avec son corps, en suivant Joseph qui, lui, obéissait en tout à l’ange du Seigneur. Joseph ne parle pas, il agit : les pieds et les mains de Jésus se modèlent sur les siens, suivant une antique prophétie : Je suis Pharaon et sans la permission de Joseph, nul ne lèvera le pied ou la main en Egypte (Gn 41,44). Ce monde est parfait : l’esprit (ou cœur), l’âme (ou psychisme), le corps sont harmonisés par l’Esprit de Dieu, dans une singulière cohérence, une vrai unité.